Présentation de "Petit Pavé dans la mare du collège"
Une trentaine de textes présentés sous la forme de mails qu’une jeune narratrice collégienne envoie à un destinataire qu’elle ne connaît pas encore. Des écrits audacieux ayant l’allure d’une microsociologie du milieu scolaire !
« Petits pavés dans la mare du collège » se veut, à bien y regarder, « une regard averti du collège ». L’humour satirique et poétique présent tout au long de ce travail, loin de s’éloigner du sérieux de l’observation, permet de mettre en évidence les petits riens du quotidien, que ce soit sur une cour de récréation, en classe, à l’infirmerie ou dans bien d’autres lieux où l’élève transite. Ici est décelé/révélé ce qu’il est difficile de trouver dans un traité sociologique.
La narratrice, Lu, âgée de 14 ans, se présente et montre clairement là où elle veut en venir : écrire sur traitement de texte un au-delà du journal intime, une version plus contemporaine, moins niaise. Elle explique clairement qu’elle ne veut pas écrire des poèmes à l’eau de rose mais s’entraîner à devenir journaliste (ou un autre métier d’écriture). Ni surdouée ni hors norme, Lu est un peu la part de chacun : elle connaît l’ennui et s’interroge sur le monde compétitif. Et faux-cancre, elle s’évade dans le rêve tel « L’enfant et l’oiseau » de Prévert ou -inventive- imagine des impossibles possibles. Parmi ses camarades aux prénoms tous aussi fantaisistes les uns que les autres (Pétronille, Esteban, Vanille…), Lu se fait discrète mais observatrice.
Ce qu’elle va écrire dans son journal de bord informatique tend à se rapprocher de la lettre puisqu’elle suppose dès ses premières lignes un destinataire, mais qu’elle ne connaît pas encore (on ne sait pas toujours que quelqu’un peut nous attendre quelque part…). Ses écrits seraient donc des messages en attente : des textes à joindre, sous forme de fichiers, à des e-mails. Les possibilités techniques de l’informatique sont ici exploitées. Il faut être de son temps. La jeune fille espère un jour, quand le destinataire rêvé apparaîtra enfin sur le chemin de son destin (le plus tôt possible) lui envoyer ses réflexions, ses notes confidentielles…et pourquoi pas tomber amoureuse.
Mon travail peut être assimilé au roman épistolaire. En littérature de jeunesse, les jeunes s’identifient facilement à ce type d’écriture narrative. Pour endosser la peau d’un jeune, l’auteur que je suis s’est souvenu de l’élève qu’il était. Aujourd’hui professeur de Lettres, je ne cache pas que certains textes sont le fruit de la complicité qui s’est instaurée avec mes élèves. J’expérimente beaucoup…
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Fin de vacances, pas de chance !
Salut à toi que je ne connais pas encore, toi peut-être un peu moi. Mes parents ont acheté un nouvel ordi., alors ils m’ont refilé l’ancien qui déjà trouve bien sa place dans ma chambre, là ou je te parle à l’instant même. Je suis installée devant l’écran, confortablement assise, avec un petit coussin calé entre mon dos et le dossier de ma chaise pivotante.
L’écran, le monitor si tu préfères, deviendra le miroir de mes idées, de mes émotions et plus, si affinité. Des confidences ? Pourquoi pas si je me sens en confiance. Y aura beaucoup de moi, mais sur traitement de texte, je n’ai rien à craindre des fouilleurs. Un copain m’a crée un mot de passe que je garde bien logé dans un coin de ma tête. Sans lui, impossible d’accéder à mes documents top secrets. Je ne veux pas composer des poèmes à l’eau de rose, j’ai d’autres ambitions. Ce que je veux écrire là c’est pas non plus mon journal intime., puisque toi, destinataire, tu existes bien que je ne te connaisse pas encore. Un journal intime, j’en avais commencé un sur papier il y a un an et ma mère est tombée dessus. Je vous dis pas la « cata ». On s’est tirées la tronche pendant une semaine. Non, ce que je veux écrire ici, ce sont des notes confidentielles et tu seras mon oreille attentive. Je te dirai ce que j’aime dans la vie mais aussi ce que déteste. Tu prendras part à mes coups de gueule, à mes fantaisies aussi. J’ai l’esprit débordant, bouillonnant, me disent souvent les profs. Tiens , justement j’y pense, je te parlerai de mon bahut. Il s’en passe des choses, tu peux pas savoir, ou plutôt si, tu sauras bientôt. Pour l’instant toi le destinataire à qui je m’adresse, tu n’as pas de nom. Tu es mon double simplement, mais qui sait ? peut-être qu’un jour je te trouverai sur Internet et alors je pourrai t’envoyer des e-mails et joindre à ceux-là les fichiers « word » où sont rassemblées mes réflexions, mes notes confidentielles… Toi le destinataire inconnu (j’aurais une préférence pour un garçon sympa, des copines j’en ai des tas) je ne sais encore rien de toi mais de moi, il y a peut-être moyen de révéler quelque chose.
Je m’appelle Lu. Mon prénom a de quoi un peu étonner. On me dit qu’il me va prénom qui paraît-il me va comme un gant... Lu comme les biscuits craquants et croquants. Ma grand-mère maternelle est nantaise, comme les biscuits qui portent mon prénom. Je suis coquette mais j’aime bien m’habiller décontract. Je ne te dirai rien d’autre sur ma garde–robe. Mon entourage prétend que j’ai l’esprit bien trempé – pour pas dire de contradiction quelquefois – mais je suis plutôt attachante.
Lu…divine ? Pas tant que ça. Je fais plutôt dans l’espièglerie. À bien réfléchir, mon prénom dit certainement quelque chose de mon avenir. Lu, une fille-femme destinée à être lue. Si je veux écrire des notes aussi sérieuses que confidentielles, c’est que plus tard je voudrais être journaliste ou quelque chose comme ça. Au cas où ce ne serait pas possible je veux bien devenir reporter sans frontière, anthropologue ou écrivain. Je ne suis pas compliquée, juste un peu exigeante.
J’ai treize ans et des parents pas toujours marrants. Mais n’est-ce pas, me diras-tu, le lot de pas mal d’ados ? On est trois enfants et j’ai paraît-il la place la plus inconfortable, celle du milieu. Mon petit frère, c’est Léo. Un vrai p’tit lion celui-là. Il a deux ans de moins que moi. Comme tous les petits frères, il est un peu chieur. Mais bon passons. Qui s’aime bien se chatie bien. Ma sœur s’appelle Léa. Elle va rentrer en fac de lettres. On a cinq ans de différence, cinq années pas suffisantes pour nous tenir à distance l’une de l’autre, bref pour être indifférentes. Nos relations ne manquent pas de piments. Ce qu’on vit, y aurait de quoi en écrire des histoires, des B.D., si ce n’est déjà fait…Ma sœur aime bien me rabaisser mais je lui prouverai un jour que je ne suis pas que la petite (comme elle aime à m’appeler) ou la seconde (la pâle copie de la première).
Les vacances se terminent. C’est triste ! désolant !! cruel !!! terrible !!!! Août est out. Bientôt, à cause de cette rentrée qui pointe le bout de son nez, je ne pourrai plus filer autant de rencards à mes copines, me rendre à la piscine aussi souvent, et rester des heures à rêver dans ma chambre, mon univers à moi, petit bout de paradis que je décore à ma manière. J’habille les murs avec les posters de mes chanteuses ou chanteurs préférés. Pour les garçons, il faut qu’en plus d’avoir une belle voix ils soient si possible mignons. J’adore mon petit nid douillet et mes petits coussins moelleux. À l’instant même, je suis bien installée, écoutant la musique que j’aime et pianotant à l’ordi.
Grâce à toi que je ne connais pas encore, j’écris mes premières pages. J’ai passé l’angoisse de la page blanche. De temps en temps, je pourrai te parler. Oui, mais de quoi ? Du bahut disais-je ? Ah ! la rentrée, ça me fait flipper. Mais bon, peut-être qu’en te confiant ce que je vois et ressens, j’avalerai mieux la pilule. Faut se raisonner. Arrêtons de gueuler. Pour l’instant l’ambiance n’est pas si mauvaise. « Restons calme et buvons frais » comme dit souvent mon père. Voyons les bons côtés de la scolarité. On retrouve les copines à qui on raconte ce qu’on n’a pas fait avec elles, quitte à en rajouter un peu. Et puis les petits copains ou ceux qui ne savent pas les premiers jours de la rentrée qu’ils le deviendront…
Tiens ! au fait, j’y pense, mon sac n’est pas encore prêt. Bon Tchao !
P.S. : Je tiens à préciser que certaines de mes copines sont plus âgées que moi et qu’elle me trouvent très mure pour mon âge. Y en a même une qui est au lycée et qui sort avec un mec.
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Levé bon pied bon œil… pour garder les pieds sur terre.
Ouf ! une journée pénible de passée. Jusqu’à la première heure de cours, j’ai eu l’impression d’être comme un zombi. Je ne sais comment se passe le réveil chez vous mais chez moi j’ai l’impression qu’on obéit à une série d’automatismes. Voilà comment ça se déroule :
Le réveil sonne et résonne dans ma tête. Ou bien, le coq coquerique. Ou alors, maman me crie « Debout mon petit poussin ! ».
Comme je n’en crois pas mes yeux, je les frotte. Et je bâille tout ce que je peux en étirant mes membres engourdis.
Si ce n’est pas fait par « moman » ou « p’pa », ou le frère ou la sœur qui rode toujours dans ma chambre quand il ne faut pas, j’allume la lumière.
En sortant du lit, j’évite de me lever du pied gauche. Je risquerais d’être de mauvais poil toute la journée. Pas besoin d’avoir les cheveux gominés pour être hérissé !
Les yeux à peine ouverts et avec la démarche d’un automate, je me rends aux toilettes. En supposant que les lieux soient déjà occupés, je me retiens (c’est le cas de le dire)… de frapper comme une forcenée sur la porte.
Rester calme. J’embrasse mes parents (s’ils ne sont pas déjà partis au travail) et je m’installe dans la cuisine, près du grille-pain et du frigo, et non devant les nullités de la télé. Je prends le temps d’échanger quelques mots. Parler de ses rêves ? Pourquoi pas.
Je ne mange pas sur le pouce ou avec un lance-pierre. Le petit-déjeuner, c’est déjà faire un « break faste. » Une fois mon produit lacté, mon jus de fruit et mes aliments à base de céréales terminés, je ne pars pas sans desservir un peu la table. Les autres membres de ma famille ne sont pas des larbins tout de même ! J’ai beau avoir l’air d’être une râleuse, cela ne m’empêche pas d’être serviable.
Je n’oublie pas de rendre une petite visite à la salle d’eau et là, de dire bonjour à mon double dans la glace, même si je ne reconnais pas cette créature à la face hirsute et grimaçante. Je me brosse les dents, je me lave ou je me débarbouille (il reste parfois de la confiture au coin des lèvres), je me nettoie les oreilles on trouve parfois du miel…), je me peigne autrement qu’avec les doigts. Enfin, je me parfume (très important pour une nana). Je ne vide pas le flacon.
J’enlève ma chemise de nuit et je la pose sur un dossier de chaise. J’espère qu’un jour -qui viendra rapidement- je pourrai mettre une nuisette, comme celle que porte ma mère, mais dans un style un peu plus jeune. Je m’habille sans procéder comme le bon roi Dagobert Et je ne boutonne pas lundi avec mardi. Même si cela parait « lassant », je fais des boucles à ces « choses sures » qui me permettent d’avoir les pieds sur terre.
Je vérifie une dernière fois avant de partir que mon cartable a l’estomac au complet puis j’embrasse mes parents adorés, s’ils ne sont partis.
Je ferme la porte derrière moi et je pars (en car ou par un autre moyen) vers de nouvelles expériences. Bientôt, je retrouve mes camarades… La sonnerie se fait les bronches. Déjà ! Il faut se mettre en rang deux par deux.
Traversant la cour et filant au radar jusqu’à la porte de la classe en émettant un cliquetis de clés étrange, des extra-terrestres (que connaissent-ils de tous les rituels du matin ?) nous mettent vite sur orbite. « Ouvrez Vos cahiers, exercice N° I !».
Table complète des chapitres
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Fin de vacances, pas de chance
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Levé bon pied bon œil...
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Le collège : une forteresse
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Le prof [...] tutélaire de mes rêves
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Les leçons [...] par coeur
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Le "Nélèvedecollège" : un drôle d'oiseau
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Mon cartable est une vache dure à cuire
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L'agenda : les choses à faire
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Objets perdus trouvés
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Des méthodes manquant de correction
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Gruge sous toutes les coutures
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Peut-on sanctionner intelligemment ?
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L’infirmerie
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La remplaçante irremplaçable
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Une billetterie bien organisée
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Un petit génie qui a la frite
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Mes camarades sont des héros
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Au self entre potes
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Les notes [...] en score et toujours
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Le coup de pompe
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Graines de cancres
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L’étude : on veille sur vous
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Travaux de groupe ou tous pour chacun
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Le scooter matamore
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La mode : quand chic rime avec fric
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Peur de repiquer : redoubler de vigilance
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La magicienne du livre
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Tordre les titres de livres
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Et si les chaises avaient une âme
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Le désir des autres
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Impossibles possibles
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Le mieux dans l'école : les jours sans...