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Mes goûts musicaux ou la nouvelle chanson francophone
 

            Mon amour de la langue, pour les textes qui vous disent quelque chose m’a poussé (avec l’aide et l’échange d’un réseau d’amis) à devenir un découvreur. Quand on aime tel ou tel chanteur ou chanteuse, telle ou telle mélodie… on n’a qu’une envie : faire connaître nos délicieuses trouvailles à ceux que l’on apprécie,  qui comme vous  cherchent  de plus loin que leur oreille attentive à faire vibrer leurs cordes sensibles tout autant que leurs convictions.

            Bien sûr, il ne s’agit pas de renier  nos auteurs, compositeurs,  interprètes des années 50/60/70, voire 80 et pour qui nous avons tant de respect : les Brel, Brassens, Ferré, Ferrat, Leclerc, Caussimon,  Allwright, Moustaki, Aufray, Le Forestier, Nougaro, Jonasz et son jazz unique, Barbara, Dutronc et Gainsbourg provocateurs, Higelin qui ne suit pas très loin derrière, Goldman composant désormais pour les autres, Julos Beaucarne le citoyen du monde et défenseur des droits de l’Homme, Gérard Manset authentiquement triste et insaisissable, Hubert Félix Thiéfaine jouant non moins dans le registre de la « tristitude » voire de la « noirtitude », Jean-Michel Caradec mort bêtement dans un accident de voiture. Bien sûr, il ne s’agit pas de renier  non plus les simples interprètes de talent que furent Edith Piaf, Mouloudji, Juliette Gréco, Serge Reggiani, Yves Montand, Philippe Léotard et tant d’autres.  Il ne faut pas renier ceux qui bourlinguent toujours dans les salles de concert. Ainsi l’éternel rieur Henri Salvador, Charles Aznavour qui rassemble plusieurs générations, Pierre Perret composant aujourd’hui dans un registre plus  pathétique en nous interpellant sur les questions environnementales et les intolérances du monde,  William Scheller  et son piano si méditatif, Renaud et son Boucan d’enfer, Voulzy et son pote Souchon toujours présent (Au raz des pâquerettes est excellentissime), Cabrel le  sage et un brin romantique, Brigitte Fontaine (Les Palaces) l’anorexique pas si folle que cela, Françoise Hardy et ses  derniers albums si suaves et si pénétrants (Clair obscur, …), Valérie Lagrange qui nous revient de loin, peut-être du Fleuve Congo, Jane Birkin toujours aussi fraîche et naïve dans Arabesque.

            Repérer les nouveaux talents,  c’est en quelque sorte rendre hommage à nos anciens qui en leur temps surent  être authentiques, innovants, surprenants, décapants ou dérangeants même, Nombreux sont ces artistes nouvelle génération qui reconnaissent leur dette, et n’hésitent pas à faire quelques clins d’œil à leurs dignes prédécesseurs.

            Certains chanteurs de cette nouvelle chanson francophone ont réussi à percer, à se faire apprivoiser du grand public, notamment en devenant lauréat des Victoires de la chanson française. Je pense à tous ceux que je m’écoute en boucle : Zazie (tous ses albums sous des airs de variété légère sont riches en calembours et idées généreuses), Sansévérino (Les Sénégalaises, Le Tango des gens) digne successeur de Bobby Lapointe ou de Boris Vian pour les textes et de Django Reinhardt pour le jazz manouche, , Bénabar  et ses microsociologies du quotidien, Thomas Fersen (du Jour du poisson à Pièce montée des grands jours, Le Pavillon des fous) l’entomologiste des sentiments, Vincent Delerm  (Kensington square) le citadin au piano et à la voix nauséeuse, Jeanne Cherhal (Douze fois par an) qui serait un peu le pendant féminin de Bénabar. Je pense aussi à ceux  que j’aime moins malgré leur talent (peut-être parce qu’ils sont trop dans le showbiz ou parce qu’on a trop entendu leurs chansons sur les ondes radio) : Florent Pagny (Savoir aimer), Calogéro, Mickey 3D, M le fils de Louis Chédid, La Grande Sophie,  Cali (L’Amour parfait) aux textes légers mais efficaces Miossec, Raphaël, Bertarnd Betsch.  Je n’ai pas beaucoup à dire de Linda Lemay, d’Enzo (Deux), d’Axelle Red (Live), de Mylène Farmer, d’Axel Bauer (Achille), de Patrick Bruel, voire d’Alain Bashung dont m’a dit un ami musicien les derniers albums sont savoureux à écouter. Encore un ancien chanteur qui fait bonne figure aux côtés de la nouvelle chanson francophone.  J’aimerais mieux le connaître, tout comme j’aimerais mieux apprécier le répertoire de ceux qui en leur temps furent classés  comme des nouveaux chanteurs pleins d’originalités : Charlélie les Coutures,  Tom Novembre, Gérard Berliner, Véronique Samson et même le groupe Téléphone dont on croit tout connaître parce qu’on a l’air de trois ou quatre morceaux dans la tête.

            On recherche parfois des voix originales et on les trouve : Benjamin Biolay et ce souffle vocalisé, tout comme sa copine Keren Ann (La Disparition), ou Carla Bruni (Quelqu’un m’a dit). Du côté des voix rocailleuses mais sensuelles, je pense à Lhassa. Tété (A la faveur de l’automne) et Corneille ont de ces voix lyriques, presque mêlées de larmes. C’est beau, c’est touchant. En très Soprano, pas loin du grain d’un Calogéro, j’entends Bruno Moskéti (Aucun fleuve). Plus loin que le simple charme de la voix, et comme en quête du Graal, on est parfois poussé à rechercher des textes énigmatiques, sortant des sentiers battus et présentant des portraits atypiques de notre monde, presque surréalistes : Alexis HK (Belle ville) ou bien ceux éminemment poétiques et d’une étrange accessibilité du vieux baroudeur Dick Annegarn (Approche-toi). De temps en temps, on trouve les perles rares. Ainsi la Bretonne habitant Rennes Marie Kiss la joue dont l’album Henri, Valentin et les autres) est un régal d’espiègleries. Ainsi encore la Québécoise Claire Pelletier (Murmures d’histoire, Galiléo) qui chante à merveille les philosophies antiques ou les mystiques chrétiens sur fond d’instruments tout droit sortis de l’univers médiéval (on croirait retrouver quelque chose de Môrice Bénin pour les textes, d’Angelo Branduardi, ainsi que de Gabriel Yacoub et du groupe Malicorne pour la musique). Ainsi Martin Destrée  à la voix si proche de Morane et qui a délaissé la variété de l’album Entre chien et loup pour nous bercer autant en latin, hébreu que français (Psaumes). Ainsi le tout jeune Vendéen Xavier Merlet (Du point de vue de la mouette) qui nous concocte a tout juste vingt-cinq ans un album mêlé d’humour et d’intelligence. Ainsi  la geisha papillonnante et coquine Amélie les crayons (Et pourquoi des crayons ?)…

            La chanson à texte se porte bien. Juliette, humoristiquement pinçante,  nous cisèle des morceaux de choix. Que tal ? et Mutatis mutandis, son dernier album,  ne sont pas seulement riches d’un vocabulaire recherché . On aime ou on n’aime pas. Il faut prendre du temps pour l’écouter. Evidemment, ça nous change de Gérald de Palmas, qui malgré quelques belles mélodies, semble souvent se plaindre de la même chose et ne pas vouloir pousser loin la chanson.

            Parfois ce sont des groupes qui viennent nous étonner du côté notamment de la chanson  gouailleuse ou engagée : La Tordue (Les Choses de rien, Champ libre),  Les Têtes Raides (Chamboultou), Les Ogres de Barbak, La Rue Kétanou… Il y a aussi ceux qui versent du côté de la World Music : Lo Jo mérite vraiment le détour. Mes Souliers sont rouges (Proche) nous plonge quant à lui dans l’univers folk, qu’il soit québécois, cajun, ou bretonnant. Blankass joue sur un tout autre registre, un rock épuré ou la guitare se mêle à l’accordéon. De même Dolly (Tous des stars) que l’on pourrait classer dans le rock bubble-gum. Certains groupes nous surprennent non avec les guitares mais avec les violons qu’ils ont l’art et la manière de renouveler. Ainsi Tarmac (L’Atelier) devenu ensuite le groupe Louise Attack. Certains encore se posent en dignes continuateurs des Frères Jacques. Écoutez Chanson bis plus fluoré et vous constaterez ;

            La nouvelle chanson francophone  est diverse et variée mais ce qui réunit tous ces chanteurs ou ces groupes, c’est la volonté de s’adresser  autant à l’intelligence  et la sensibilité émotive du public, tout cela sans forcément se prendre la grosse tête.  La plupart de ces artistes ont la particularité de croquer quelques petites tranches de vie ou de notre société. Parfois, on reconnaît les marques de notre époque : la compétitivité et le stress, nos petits maux à mettre en mots,  la solitude malgré l’ « hypercommunication »,  les menaces nucléaires et terroristes. Parfois, l’on retrouve le portrait caricaturé des grands décideurs de ce monde ou plus localement mais tout aussi parlant celui de notre voisin, de notre beauf, de nos collègues, de notre médecin ou de notre garagiste…Ces chanteurs-là ont de la proximité. On ne les imagine pas vivre  dans le strass et les paillettes éblouissantes d’aveuglement de la réalité. Ces artistes-là, on pourrait les croiser à la boulangerie du quartier. Marie Kiss la joue mais qui ne se la pète pas, vous pourriez très bien la rencontrer à Rennes où elle réside. Ces créatifs et récréatifs-là, vous pourriez tout à fait les fréquenter dans le bar qui se situe le plus près de la salle de concert où on est allé les voir. En d’autres temps, c’est que j’ai vécu avec la chanteuse angevine Mannick, avec le Breton issu de Cholet Gilles Servat, avec Allan Stevel aussi. Je me souviens, lorsque je travaillais dans le 7ème arrondissement,  avoir aussi croisé Henri Salvador jouant à la pétanque avec ses copains sur l’esplanade des Invalides. Mais bon, approcher un illustre chanteur est souvent de peu d’importance si l’on pas eu avec un véritable échange. Côtoyer sans rencontrer vraiment n’est qu’un plaisir fugace, qu’une illusion d’être soi-même quelqu’un. Et ce n’est pas un autographe qui apportera quelque chose à cette quête de paroles vraies que vous trouvez dans la nouvelle chanson, comme vous la trouviez chez Brel ou Brassens.

            J’ai découvert certains talents par des albums collectifs intitulés Rue des chansons. C’est là que j’ai dégoté quelques originalités, que j’ai flashé sur une chanson de Camille, Alexandre Varlet,  Saez, Subway, Arthur H  dont j’aimerais découvrir au moins un album entier. En nouveauté à découvrir dont on m’a  parlé ou que j’ai cru repérer sur des sites Internet, je nomme un certain Richard Desjardin, Luce Dufault, Richard Seguin,  Sylvain Kanat, Sylvie Paquette. Et ceux dont on me parlera peut-être…

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